Leptospirose
C'est quoi?
La leptospirose est une maladie transmise par une bactérie de type Spirochète nommée Leptospira interrogans sensu lato. De cette espèce, il y a huit différents sérovars importants pour les chiens et qui sont associés à différents syndromes cliniques. Pour chacun des sérovars, il existe des espèces animales domestiques et sauvages subcliniquement infectées que l’on caractérise d’hôtes réservoir et qui servent de source d’exposition et de maladie pour les chiens, les humains et autres hôtes accidentels. Lorsque ces hôtes accidentels sont infectés, ils peuvent démontrer des symptômes sévères.
La transmission d’un animal à l’autre se fait par contact direct avec de l’urine infectée, des sécrétions vénériennes, des morsures ou encore par ingestion de tissus infectés. Un contact indirect avec de l’eau, le sol et de la nourriture contaminés constitue aussi un mode de transmission fréquent. Les eaux stagnantes sont un bon milieu de conservation de la bactérie. D’ailleurs, des épidémies humaines et canines ont été associées à de fortes pluies ainsi qu’à des inondations. C’est pourquoi la maladie est plus souvent rencontrée à la fin de l’été ou au début de l’automne.
Suite à l’exposition de l’animal à de l’urine ou à de l’eau contaminée ou encore à des tissus d’animaux infectés, la bactérie entre dans son corps via ses membranes muqueuses ou sa peau abîmée. Lors de contact prolongé, les leptospires pourraient même entrer par la peau intacte. Par la suite, ils envahissent rapidement la circulation sanguine et atteignent différents organes dont le foie, la rate, les reins, les yeux, le système nerveux central ainsi que le tractus urogénital. Les symptômes qui apparaîtront dépendent de l’âge et de l’immunité de l’hôte, de facteurs environnementaux affectant la bactérie ainsi que de la virulence du serovar impliqué. Il semblerait que les mâles soient plus à risque que les femelles. De plus, les chiens âgés de 4 à 10 ans seraient aussi plus à risque que les chiens de moins de 1 an. Les chiens de bergers, les chiens de chasse, les chiens de travail ainsi que les chiens de races mixtes seraient plus à risque que les chiens de compagnie probablement à cause d’une plus grande exposition aux sources d’eau contaminées par les leptospires.
Les symptômes
Les chiens peuvent donc souffrir de l’un ou de plusieurs symptômes suivants : léthargie et dépression, perte d’appétit, vomissements, fièvre, perte de poids, augmentation de la quantité d’urine produite ainsi que de la consommation d’eau, douleur abdominale ou lombaire, raideur causée par de la douleur articulaire, diarrhée, jaunisse, écoulement oculaire et nasal, pétéchies (petites taches rouges sur la peau représentant de toutes petites hémorragies causées par le manque de plaquettes sanguines), faiblesse ainsi que difficulté respiratoire et/ou toux. Toutefois, la défaillance rénale est maintenant devenue le syndrome principal affectant les chiens atteints de leptospirose.
Diagnostique
Afin de diagnostiquer la maladie, on peut avoir recours à différents tests. Des analyses sanguines révèlent fréquemment des changements associés aux syndromes et organes affectés. On peut observer une diminution du nombre de plaquettes sanguines ainsi qu’une diminution ou une augmentation du nombre de globules blancs. Des anomalies électrolytiques ainsi qu’une augmentation des enzymes rénales sont présentes lors d’atteinte aux reins. Une diminution du pH sanguin ainsi que du CO2 sont signes d’acidose métabolique. Une augmentation des enzymes hépatiques ainsi que de la concentration de bilirubine (pigment jaune) sont signes d’atteinte au foie. Une analyse d’urine peut révéler une faible densité urinaire, la présence de sucre, de protéines, de bilirubine, de cellules inflammatoires, de globules rouges ainsi que de cellules rénales réflètant les dommages rénaux.
Il existe quelques tests qui diagnostiquent plus précisément la leptospirose mais celui qui reste le plus fréquemment utilisé et facilement disponible est le Test d’Agglutination Microscopique (TAM). Ce dernier consiste à détecter des anticorps dirigés contre les antigènes leptospiraux dans le sang du patient. Lorsque le niveau d’anticorps d’une seule prise de sang est élevé chez un animal qui démontre des symptômes et des anomalies de laboratoire compatibles avec la maladie alors le diagnostique peut être posé en autant qu’il n’y ait pas eu de vaccination récente (bien que les titres postvaccinaux soient généralement assez bas). Dans le cas contraire, un diagnostique ne peut pas être posé s’il n’est basé que sur les résultats du TAM seulement. Étant donné que les titres d’anticorps peuvent être négatifs dans les premiers 7 à 10 jours de la maladie, il peut être nécessaire de prélever un deuxième et parfois même un troisième échantillon sanguin à 2 à 4 semaines d’intervalle pour observer l’augmentation du niveau d’anticorps.
Traitement
Pour traiter la maladie, on a recours à de l’antibiothérapie ainsi qu’à des traitements de support dont l’agressivité dépendra de la condition clinique du patient ainsi que du degré d’implication des organes. Plus le traitement est institué tôt dans le cours de la maladie, plus les chances de succès augmentent. En général, le traitement de support consiste en l’administration de solutés par voie intra-veineuse afin de corriger la déshydratation et les débalancements électrolytiques. Dans les cas où l’animal est incapable d’uriner, on aura recours à des diurétiques (médicaments qui augmentent la production d’urine). Des antivomitifs ainsi que des protecteurs de la muqueuse de l’estomac peuvent aussi être utilisés si nécessaire. On visera un retour le plus rapidement possible à la nutrition entérique (par le tube digestif) soit oralement (de préférence) ou par un tube stomacal. Pour les animaux qui ne répondent pas à ce traitement conservateur, on peut avoir recours à des traitements plus agressifs tels que l’hémodialyse. Le pronostic pour les chiens dont la défaillance rénale est légère à modérée et traités de façon conservatrice est généralement bon. Le traitement par hémodialyse semble améliorer le pronostic pour les chiens dont la défaillance rénale est sévère. Des transfusions sanguines peuvent parfois s’avérer nécessaires lorsqu’il y a évidence d’hémorragies.
Généralement, la récupération clinique est complète mais il arrive parfois que certains chiens ayant survécu à la période critique souffrent d’insuffisance rénale permanente nécessitant des traitements à vie. Il est donc important de suivre de près tous les chiens ayant souffert de leptospirose pendant au moins 6 à 12 mois après le traitement afin de détecter tout développement ou complications associées à de la défaillance rénale chronique tels que de l’hypertension, des ulcères gastrointestinaux, des vomissements ainsi que des anomalies électrolytiques.
Prévention
Plusieurs mesures peuvent être prises afin de prévenir la maladie. Par exemple, observer de strictes pratiques sanitaires dans les chenils, contrôler les rongeurs et isoler les animaux infectés sont de bons moyens de diminuer l’exposition et la transmission des leptospires dans les régions endémiques. Heureusement, comme ce sont des organismes fragiles, ils sont facilement tués par les désinfectants usuels tels que l’eau de javel entre autres. La vaccination est un autre bon moyen de prévenir la maladie en autant que le vaccin donné contiennent les sérovars les plus souvent impliqués. Généralement, on administre deux doses aussitôt que 7 à 8 semaines d’âge à 3 à 4 semaines d’intervalle puis annuellement par la suite. Des réactions anaphylactiques peuvent survenir dans les heures qui suivent la vaccination et qui se manifestent par de l’enflure du visage, des démangeaisons intenses, de la difficulté respiratoire, des vomissements excessifs ainsi que de l’hypotension. Lorsqu’une telle réaction se produit, il est important de consulter un vétérinaire immédiatement.
Zoonose
La leptospirose est une maladie zoonotique, c’est-à-dire que les humains peuvent l’attraper des animaux. Par contre, certains groupes de personnes sont plus à risque de contracter la maladie. Il s’agit par exemple des fermiers, des gens qui travaillent dans les égoûts, les mines et les abattoirs, des vétérinaires, et autres personnes prodiguant des soins aux animaux, des gens qui voyagent dans les régions tropicales ainsi que des gens qui exercent des sports nautiques dans des climats tempérés ou tropicaux. Il semblerait toutefois que l’incidence de la maladie soit aussi très importante en ville.
Étant donné que des leptospires infectieux peuvent persister dans les reins des chiens infectés chroniquement, ceux-ci les excrètent pendant des périodes de temps prolongées. L’urine contaminée est donc très contagieuse pour les humains et les autres animaux. Il est donc important que certaines règles d’hygiène telles que le lavage des mains soient respectées lors de la manipulation de chiens soupçonnés de leptospirose. Il faudrait toujours porter des gants et disposer des excrétions dans des contenants médicaux appropriés. Il faudrait aussi porter des gants et un masque lors du nettoyage du matériel contaminé. Tous les chiens suspects devraient être isolés des autres animaux.
La leptospirose chez les humains ressemble beaucoup à un syndrome grippal et est donc probablement souvent maldiagnostiquée. En effet, on peut souffrir de fièvre, de maux de tête, de frissons, de douleurs musculaires et parfois même de vomissements, de jaunisse et d’anémie. Malheureusement, il peut aussi y avoir progression de la maladie jusqu’à une défaillance rénale et hépatique fulgurante voire la mort dans les cas les plus sévères non-traités. Chez 60-70% des patients souffrant de leptospirose, un autre diagnostic a été posé initialement. Voilà pourquoi les personnes ayant été potentiellement exposées et souffrant de symptômes de leptospirose devraient en aviser leur médecin afin d’éviter de retarder les traitements ou les procédures diagnostiques appropriées.